REPETITA

Repetita est le blog de Jean-Philippe Perrot, réalisateur.

30.6.06

Mail : Calendrier Juillet 06


Bonjour à tous,

Vous pouvez dès à présent télécharger le fond d'ecran du mois de Juillet 2006 et le mettre en fond d'écran : Téléchargement

Merci à tous ceux d'entre vous qui ont relayés par mail l'info de la diffusion de "Porto & le Douro" du 16 juin dernier !

Vous pouvez maintenant consulter regulierement mon blog.
(Vous êtes en train de le faire !)

A bientot,

Jean-Philippe

29.6.06

Spot : Lisbonne Livre de bord


Photographe : Inédite de ma série Lisbonne

Ces premières phrases du livre de José Cardoso Pires "Lisbonne Livre de bord, Voix, regards, ressouvenances" m'obsèdent. Je ne cesse en ce moment de les relire comme un leitmotiv, une complainte, un appel.
Elles ont été traduites du Portuguais par Michel Laban.
"Pour commencer, tu m'apparais posée sur le Tage comme une ville qui navigue. Cela ne m'étonne pas : chaque fois que je me sens sur le point d'étreindre le monde, que ce soit à la pointe d'un belvédère ou assis sur un nuage, je te vois ville-nef, vaisseau fait de rues et de jardins, et la brise elle-même a pour moi un goût de sel. Il y a les vagues du grand large dessinées sur tes chaussées; il y a des ancres, des sirènes."

+ Petit rappel : Sur ARTE, le vendredi, 30 juin 2006 à 18:05 ( TNT, Câble et Sat.) : LISBONNE (France, 2003, 52mn-Auteur-Réalisateur : Jean-Philippe Perrot)

28.6.06

Spot : J'irai dormir chez vous Ethiopie


Photographe : Phil Borges

Une réelle passion pour l'Ethiopie, beaucoup d'admiration pour Antoine de Maximy et son culot, et de la sympathie pour la chaîne Voyage : voilà trois bonnes raisons pour vous inciter à regarder l'épisode inédit "Ethiopie" de la série "J'irai dormir chez vous".
Bien plus qu'un "réalisateur baroudeur" ou un"squatteur nomade", Antoine de Maximy est un véritable voyageur pour qui la différence est une richesse et passe par la rencontre avec les autres.
Depuis maintenant deux ans, il part seul aux quatre coins du monde et dans de nombreux pays avec dans ses bagages deux mini caméras et va à la rencontre des habitants. Son objectif : quelques soient les lieux et les circonstances, réussir à se faire inviter à dormir chez des gens qu'il ne connait pas.
Le concept de la série est assurément en matière de Voyage l'un des plus novateur et des plus humaniste que le TV française nous ai donnée depuis quelques années!

Antoine de Maximy : "J'étais déjà allé cinq fois en Ethiopie. Je suis retourné à certains endroits que je connaissais déjà comme Lalibela et Addis Abeba.
Mais j'ai profité également de ce voyage pour aller faire un tour dans le sud. La population est complètement différente de celle du nord. C'est l'Afrique noire, tout près du Kenya.
Cette partie du voyage a été une vraie aventure, pas très simple. Mais ça n'empêche pas l'épisode d'être vraiment marrant par moments. Comme lorsque deux jeunes filles se sont mis en tête de m'épouser…"

DIFFUSIONS VOYAGE
Jeudi 29 Juin 2006 à 20:50
Jeudi 29 Juin 2006 à 5:00
Lundi 3 Juillet 2006 à 15:25
Dimanche 9 Juillet 2006 à 16:00

+ La série est aussi diffusée tout l'été sur France 5

27.6.06

Spot : Ça tombe de source !



Cela sera à n'en pas douter le bouquin incontournable de l'été 2006.
Olivier Marchon lance une mode de rire et virale : le mélange iconoclaste d'expressions. Et cela fonctionne. Libé et Epok le soutiennent.
Après le tome 1 "Ça coule sous le sens!", le tome 2 "Ça tombe se source!" vient juste de paraître.
Beaucoup moins débile qu'un Sudoku sur la plage, et tellement plus drôle. Il est rikiki, pas cher et se glisse partout, infiniment ludique et hilarant !
Le site et le blog d'Olivier Marchon, par ailleurs régisseur dans le cinéma (et que j'ai connu réalisateur et marin au large du Cap Horn et des 50ème hurlants), vous donnent la liste des bonnes librairies qui distribuent le livre et vous racontent tout sur les coulisses de cette aventure.
"Les carottes en sont jetées"!

26.6.06

TV : Diffusion ARTE



Bonjour à tous,
Comme j'ai oublié de vous prévenir pour la première diffusion sur ARTE de mon documentaire LISBONNE (France, 2003, 52mn-Auteur-Réalisateur : Jean-Philippe Perrot) le vendredi, 23 juin 2006 à 13:05 (je ne le savais pas.), ne ratez pas la redif. le vendredi, 30 juin 2006 à 18:05 (C'est donc TNT, Câble et Sat. ce coup-ci) dans Terres d'ailleurs.

Comme avait écrit Danielle Schramm dans Télérama :

" Cervantes en son temps disait déjà que Lisbonne était la plus belle ville du monde. Depuis, il y a eu le tremblement de terre de 1755 qui la détruisit presque entierement. Elle fut reconstruite par le marquis de Pombal. Dans l'esprit des
Lumieres, c'est dire si c'est réussi. Et c'est vrai qu'elle est belle, la capitale du Portugal. Allongée sur les bords du Tage, flirtant avec les eaux jaunes de la mer de Paille, languide et sereine, baignant dans sa lumière d'or.
Jean-Philippe Perrot - un amoureux - a voulu en montrer les beautés cachées tout en évitant le piège du cliché carte postale. Son film fait danser dans une valse tendre pierres et gens, tradition et modernité, richesse et misere, grandeur
culturelle et modestes métiers.
Il nous entraine dans une promenade subjective , du vieux quartier de l'Alfama et ses ruelles en pente à l'intense "Feira da ladra" (le "marché de la voleuse", tout un programme), du British bar et ses clients tranquilles au marché au poisson et ses
poissonnieres véhémentes, du musée de l'Azulejo à la fabrique des incomparables "pastéis de Belém", du majestueux couvent des Hiéronymites à la minuscule boutique de sardines en boites, des cabarets branchés et techno du Bairro Alto aux petits bistrots populaires où l'on vient chanter le " fado"... En vérité, une jolie promenade subjective dans
une ville objectivement unique."

Merci Madame  !

Quelques infos sur le film

EN BONUS : une série photo sur Lisbonne qui a un certain succès sur le web (1200 visites par mois).

Cordial et bon visionnage !

25.6.06

Chronique : Ce livre est formidable !


Photographe : Florindorilli.

Maintenant, je me méfie de tous ceux qui à la fin d’un dîner ou d’une réunion
amicale ou de famille me tendent un bouquin en me disant  sur le ton
de la connivence et presque les larmes aux yeux : « Tu sais, ce livre
est formidable, c’est un véritable choc, il à transformé ma vie ;
lis-le et tu verras ! ». J’aurais même une certaine tendance
aujourd’hui à tout faire pour oublier le plus vite possible non
seulement le titre de l’ouvrage mais surtout le nom de l’auteur.
Celui-là, il est dangereux, je le sens, il m’aura pas, merci mais j’ai
déjà donné.

De plus, j’évite absolument la personne qui me donne un tel conseil
pendant au moins six mois. C’est une règle. Je ne sais pas : je
l’évite, je change de trottoir ou de bar,  je suis en voyage au
Kirghizstan, à l’autre bout de la planète, en Papouasie extrême s’il
le faut, et j’ai perdu mon portable et en plus je suis contagieux
rien qu’avec la voix. Il faut toujours se méfier des amis, dès fois
ils veulent votre bien et en une fraction de seconde ils vous ruinent
la vie.

Soyons honnêtes : la passion soudaine ou l’admiration absolue pour
certains écrivains, poètes ou romanciers, gens de plumes ou de
claviers Azerty, a souvent des conséquences fâcheuses dans nos vies,
voir tout à fait redoutables. On devrait se méfier plus souvent, en
parler entre nous tranquillement tant qu’il est encore temps. Prises à
temps ce ne sont que des démangeaisons désagréables mais passagères
qui se soignent, trop tard elles s’installent et deviennent
irrémédiablement purulentes. On se gratte sans cesse, jusqu’au sang.
L’écrivain alors nous hante continuellement, on trouve chez lui une
vision claire et sensible du monde qui nous correspond, nous rend
l’existence plus intelligible et rassurante, nous donne parfois un peu
d’espoir. C’est peut-être un leurre, mais nous sommes persuadé qu’il
est comme nous mais en avance sur nous, en ce sens qu’il a déjà énoncé
ce que nous pressentions intimement. Tout texte est un miroir et son
auteur notre propre double. Enfin, quelque chose comme cela.

L’obsession pour un écrivain - je ne sais pas André Breton, Victor
Hugo, Dostoïevski, ou même cas éventuel Michel Houellebec!- nous mène
parfois sur les voies d’une folie douce qui nous soustrait du monde,
d’une sorte de religiosité mal placée et dangereuse.

Il y a des signes terribles qui malheureusement ne trompent personne :
tout d’abord, une envie de pèlerinages multiples, qui gâchent pendant
des mois les vacances et tous les week-ends en famille, ou avec son
chien, et une sorte de diarrhée d’achats compulsifs et obsessionnels
qualifiés par mon psy de « collectionnite aigue ». C’est une catégorie
de troubles psycho-pathologiques, une maladie virale dont la durée
dépend de l’intensité de la fièvre au départ et du choc de la
rencontre. Un truc grave quoi.

Je me souviens très bien par exemple d’un vieux célibataire fou
d’André Breton qui ne cessait d’arpenter le pavé parisien sur les
traces de Nadja. Tous les jours pendant des années il fit le même
itinéraire, le livre à la main, reconstituant scrupuleusement les
parcours géographiques et imaginaires des rencontres amoureuses qui
ponctuent cet espèce de roman. Il savait par cœur chaque ligne du
livre, comme chaque angle de square, chaque façade d’immeuble. Une
fois, il s’est même battu avec des ouvriers du bâtiment parce qu’ils
retiraient d’une rue des lampadaires d’époque. Et puis un jour il
disparu, ou devint clochard, on ne sait pas. Alors, il reste quelque
chose peut-être de Nadja, mais aujourd’hui il ne reste rien de lui.

Et puis cette femme encore, qui s’est ruiné à séjourner des mois durant
au Grand Hôtel de Cabourg pour relire sans fin « la recherche » et
essayer sur les lieux même que décrit Marcel Proust de « retrouver et
sentir ce qui demeure encore ».

Et puis aussi, en ces périodes troublées d’obsession littéraire, nos
appartements se transforment progressivement en mausolées, avec ses
icônes aux murs - portraits et photos d’époques jusque dans les
toilettes, parce que même là on ne peut pas penser à autre chose - et
ses autels fait d’accumulations de livres ou de tout autres objets en
relations plus ou moins directes avec notre écrivain.

Comme tout le monde le sait, les passions sont destructrices, et j’ai
connu des types à priori normaux que leurs femmes ont quitté parce que
Jean Genet ou Paul Verlaine prenaient trop de temps au lit.
Remarquez, elles n’avaient peut-être pas totalement tort de se barrer,
elles !

À mon époque adolescente et Rimbaldienne, j’ai par exemple croisé des
passionnés qui possédaient plus de 600 livres relatifs à Rimbaud, cela
couvrait les murs parisiens de leur deux pièces cuisine, certains des
livres étaient en Russe ou en Japonais et ils ne comprenaient ni l’une
ni l’autre des deux langues. La plupart des livres étaient d’ailleurs
sans véritable intérêt ou à peine anecdotiques. Mais comme dans toute
collection, il y avait également des perles, des curiosités et même
parfois de véritables trésors. Franchement, avoir dans les mains une
lettre autographe de Rimbaud ou un seul des exemplaires de l’édition
original de la « Saison» c’est peut-être fétichiste, un peu plus que
le Nirvana ou le Bliss , c’est une émotion forte à chialer comme un
gosse.

D’autres monomaniaques m’ont présenté comme des talismans des
morceaux crasseux de pierres qu’ils avaient arrachés aux murs en ruine
de la ferme de Roche. Cette propriété familiale des Cuif-Rimbaud où le
poète passa les étés ardennais de son enfance, où il écrivit aussi sa
« Saison en Enfer » planqué dans le grenier au milieu des fientes et
des pigeons.

Je voulais vous dire : depuis quelques semaines mon chien à un
comportement que je qualifierai d’anormal. Il ne cesse de me regarder
bizarrement, il se couche à mes pieds, reste là à me fixer pendant de
longs moments avec l’impression de ne pas tout à fait me reconnaître,
avec un air triste ( c’est un labrador) que cela en devient presque
gênant. De temps en temps il émet un couinement intempestif, comme un
râle, puis redevient silencieux et immobile des heures entières. Je n’ose plus
bouger.

Nous vivons tous les deux dans un appartement de 37 mêtres carrés, mon
chien et moi. De ce fait, il y règne comme une forme sourde
d’intranquilité maintenant. Cela à commencé lorsque je lui ai annoncé
que je partais à Durban en vacances, c’est en Afrique du Sud. Déjà, il
ne supportait plus mes allers et retours entre Paris et Lisbonne. Une
fois j’ai pourtant essayé de l’emmener dans la capitale portugaise, il
n’a pas supporté nos dix-huit allez et retour en tram sur la ligne 28
entre la Baixa et Campo Ourique. Il a pissé sur la statue de Fernando à la
terrasse du Bar A Brasileira, et a vomi dans la salle du restaurant
Martinho da Arcada. Je ne le sors plus maintenant, alors il cache mes
petites lunettes rondes dans des recoins improbables et chie souvent sur les livres de Fernando. J’ai beau les planquer il y en a un peu partout et il finit toujours par les trouver. Il les tire de leurs cachettes comme il détererait un os, avec gourmandise, la queue comme un ventilateur. Il les place en évidence puis s'accroupit pour déféquer dessus. Il a comme cela détruit mon exemplaire de la pléîade avec ses poèmes que j'aime tant. Et puis, il aboie à la mort chaque fois que je dresse la table pour six et lui dit que j’attends à dîner d’autres moi-mêmes qui ne viendront pas mais seront là. Et c’est ainsi tous les soirs.

Je ne suis plus personne et je pars sur les traces de Pessoa.



Fernando Pessoa dans le quartier du Rossio à Lisbonne.

Pour débuter

Pour débuter deux petites citations (cela ne fait jamais de mal),
histoire de cogiter un peu avant de se coucher et de situer le débat :
- "Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts" (Isaac
Newton)
- " La seule révolution possible, c'est d'essayer de s'améliorer
soi-même, en espérant que les autres fassent la même démarche. Le
monde ira mieux alors" (Georges Brassens).